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Fausse couche ou le déni de deuil

Dernière mise à jour : 18 nov. 2022


C’est un phénomène dont je ne m’’étais pas rendu compte bien que je l’aie déjà rencontré ce cas de figure à un bon nombre de reprises en thérapie.


Ayant dernièrement travaillé avec une cliente sur ce thème, il nous est apparu (à tous les deux) que lorsque le cas se présentait, on disait souvent à la femme concernée que les fausses-couches étaient un phénomène fréquent (sous entendu normal) chez les femmes et que cela se passerait mieux la prochaine fois, etc…


On parle alors statistiques, pour mieux faire comprendre à la femme qui vient de perdre son bébé que c’est répandu, entre 15 et 20% selon les sources, comme si cette information allait aider la personne à mieux supporter le deuil, la perte.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit : d’un deuil


Ce que ne comprennent pas les personnes qui tiennent ce discours c’est qu’elles font appel à une forme de raison (froide) face aux émotions de la femme concernée. Au niveau de la communication, on s’adresse à deux parties du cerveau différentes qui n’utilisent pas la même langue (raison et émotions) et n’ont aucune chance de se comprendre.

Image by Dominic Winkel from Pixabay

Je ne dis pas que ça ne parte pas d’un bon sentiment mais ça s’apparente plutôt à une grosse maladresse : est-ce que nier un deuil a jamais aidé une personne à le traverser ? J’en doute beaucoup. Ne pas savoir comment soutenir une personne dans ces circonstances ne constitue pas une bonne raison pour ne pas reconnaître sa souffrance. Et c’est un deuil d’autant plus difficile à faire que la personne ne verra pas physiquement le bébé en question.


Durant la pandémie de coronavirus, on a bien parlé de cette difficulté pour les personnes endeuillées à traverser le processus parce qu’elles ne pouvaient pas toujours voir la personne dans ses derniers instants ou de voir le corps (notamment au début du confinement, avec les différents cafouillages) et c’est quelque chose du même ordre ici. Même s’il est vrai que ce ne sera pas forcément vécu de la même façon en fonction de l’avancement de la grossesse, la maman a perdu un bébé pour lequel elle avait fait des projets, peut-être imaginé comment elle allait l’élever, passer du temps avec lui, décorer ou préparer sa chambre, etc...


Mais pour peu qu’il n’y ait pas un soutien familial très fort, la personne en question se retrouve assez seule pour faire face à l’évènement même si le conjoint est à ses côtés.

Peut-être que la première démarche de l’entourage, serait de reconnaître la souffrance de la personne et de ne pas minimiser ou pire d’ignorer l’évènement, même si l’on ne sait trop quoi dire.


De toute façon, il faut bien reconnaître que, dans notre société, on ne nous prépare pas à trouver les mots pour ce genre de circonstances (à part quelques formules toutes faites dont on sent bien qu’elles ne peuvent pas offrir beaucoup de réconfort). Une écoute et une présence affectueuse seraient déjà une première aide même si cela ne suffira pas toujours.Pour cela, l’accompagnement d’un professionnel peut-être une bonne solution pour traverser cette période douloureuse mais encore faut-il au préalable admettre qu’il s’agit effectivement d’un deuil à part entière.


Quand j’ai travaillé avec ma cliente, je l’ai traité de cette façon pour effectuer une libération des émotions vécues qui n’avaient pas pu s’exprimer et ça a été effectivement libérateur pour elle


Note : il arrive souvent qu’il y ait en plus un aspect trans-générationnel avec les mères, grand-mères qui ont vécu ce phénomène à répétition et qui constitue un « héritage » qu’il est bon de remettre en question car cela peut jouer un rôle de programmation mentale négative.


Louis Szabo, thérapeute

PS : si ce sujet vous parle, que vous êtes concernée et que vous n’avez pas pu ou pas osé en parler autour de vous, je peux vous aider


Signez cette pétition, si le sujet vous parle…

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